Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/499

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
Philosophes.

attendrissant sur le sort de nos semblables. Mais, telle est l’imperfection des meilleurs remedes que la philosophie soit en état de fournir[1].

  1. Il se pourroit que le sceptique eût tort de borner les remedes philosophiques à ces deux réflexions. Il y en a d’autres, très-efficaces pour nous tranquilliser, & pour calmer nos passions : la philosophie les saisit, les étudie, les pese, les rappelle dans l’occasion, & nous les rend familiers ; ces réflexions peuvent être d’un grand usage aux esprits pensifs, bien faits, & modérés. Mais, direz-vous, leur force se réduit à rien, si elles exigent un naturel disposé d’avance pour les qualités qu’elles devroient nous inspirer. Soit ; elles serviront au moins à fortifier en nous ces dispositions, en nous offrant de nouvelles vues, tendantes au même but. En voici quelques échantillons.

    1°. Chaque condition a ses maux cachés. Ne portez donc envie à personne

    2°. Chaque condition a aussi des mots connus ; & tout est assez bien compensé à cet égard. Contentez-vous donc de la vôtre.

    3°. L’habitude émousse les sentimens agréables, aussi bien que les sentimens désagréables : elle rend tout égal.

    4°. La santé & la bonne humeur sont les seuls vrais biens. Faites-en provision ; & méprisez le reste.

    5°. Je jouis de tant de biens. Pourquoi m’affliger d’un mal ?