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Les quatre.

Ayez toujours présent à votre esprit tout ce qui peut arriver aux hommes de plus sinistre, la mort, la maladie, la pauvreté, la privation de la vue, l’exil, la calomnie & les opprobres. Vous en supporterez les maux d’autant mieux que vous vous y serez attendu. Je réponds que, si je me borne à des réflexions générales, qui me présentent les objets dans l’éloignement ; ces réflexions ne sauroient me servir de préparatif : que si au contraire je m’y livre, de façon à en être intimément pénétré, elles empoisonneront tous mes plaisirs : l’attente du mal à venir est un mal présent.

Vos chagrins sont superflus ; ils ne changeront point les arrêts de la destinée. Hélas oui ! cela n’est que trop vrai, & c’est précisément ce qui me chagrine.

Cicéron nous offre, dans ses Tusculanes, une plaisante méthode de se consoler de la surdité. Combien, dit-il, y a-t-il de langues que vous n’entendez pas ? Vous n’entendez ni le punique, ni l’espagnol, ni le gaulois, ni l’égyptien, &c. ; vous êtes autant que sourd par rapport à toutes ces langues ; & vous ne vous en inquiétez pas. Où est donc le