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Les quatre.

sciences & des beaux arts adoucit & apprivoise le tempérament : elle fait éclore & entretient, dans notre ame, ces sentimens purs & délicats, dans lesquels consistent le vrai honneur & la vraie vertu. Il est rare, & même très-rare, qu’un homme qui a du goût & du savoir, quelles que soient d’ailleurs ses foiblesses, ne soit au moins honnête homme : ce pli qu’il a pris pour la spéculation, doit naturellement le rendre, d’un côté, moins ambitieux, & moins intéressé, & de l’autre, plus attentif à ses devoirs, & aux bienséances reçues. Il sentira, avec plus de vivacité, ces différences qui distinguent les caracteres & les mœurs. L’étude, loin d’émousser son goût pour ces choses, lui donne un nouveau degré de sensibilité.

Ces changemens graduels & imperceptibles ne sont peut-être pas les seuls que l’esprit puisse recevoir ; il est très-probable que le travail & l’application ont quelque pouvoir sur lui. Les effets étonnans de l’éducation servent à nous convaincre que notre état originel n’est pas un état entiérement inflexible ; & qu’au contraire il admet de