de toute rudesse, & de toute férocité. Il s’en faut bien que ces dernieres dispositions causent autant de plaisir que les premieres ; voudroit-on comparer la rancune, les animosités, l’envie, la soif de se venger, avec l’amitié, la clémence, la bonté, la reconnoissance ?
Pour être heureux, on ne doit rien avoir de sombre ni de mélancolique dans l’esprit ; il faut être enjoué & de bonne humeur. Un homme, toujours porté à bien espérer & à se réjouir, possède des richesses réelles ; au lieu que les craintes & les soucis sont une véritable pauvreté.
La jouissance est plus ou moins constante ou variable, & le plaisir qui l’accompagne a plus ou moins de durée, selon la nature des penchans qui nous dominent. La dévotion philosophique, par exemple, n’est que le fruit passager d’une certaine élévation d’esprit : personne n’en est plus susceptible que les beaux génies, qui jouissent d’un heureux loisir, & qui se sont nourris d’études & de méditations. Mais les objets invisibles & détachés des sens, que la religion naturelle