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Les quatre.

vue produit le plaisir ou la peine, le blâme ou l’approbation ; & ce n’est que d’après ces sentimens que nous prononçons sur les qualités des objets. Or, il est prouvé que ces sentimens dépendent de la conformation particuliere de notre intérieur, conformation qui rend tel ou tel objet propre à nous affecter de telle ou telle façon, & fait naître une espece de sympathie ou d’antipathie cotre nos âmes & les choses externes. Supposez que nos organes intérieurs, si j’ose me servir de cette expression, vinssent à changer ; le sentiment changeroit avec eux, quoique les objets demeurassent les mêmes. Le sentiment est toujours distinct de l’objet qui l’excite par son action sur nos facultés : par conséquent, dès qu’on le suppose changé, les effets changent aussi : en un mot, le même objet ne peut jamais produire le même sentiment dans un esprit différemment constitué.

Il y a des cas où l’on peut se convaincre de cette vérité, sans avoir besoin de s’enfoncer fort avant dans la spéculation ; c’est lorsque la différence entre le sentiment & l’objet qui