Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/442

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
Les quatre.

ressentira du funeste effet de vos débauches ; mais déjà, avant ce tems, le poison aura gagné la plus noble partie de vous même : en vain courrez-vous d’objets en objets pour chercher à dissiper vos inquiétudes ; chaque objet nouveau sera un nouveau surcroît au mal que vous endurez.

La recherche trop ardente du plaisir expose l’homme à mille accidens : elle le met, pour ainsi dire, en bute à tous les traits de la fortune. Mais je veux que, toujours favorable, elle vous conserve tous vos avantages ; le malheur ne vous en poursuivra pas moins au milieu de ces prétendus instrumens de votre félicité. La luxure a émoussé votre goût ; vous possédez, & vous ne jouissez pas.

Mais pourrez-vous, en effet, étouffer toute réflexion sur l’inconstance des choses humaines ? Il n’y a point de bonheur où il n’y a point de sureté pour l’avenir ; & quelle sûreté peut-on espérer sous l’empire de la fortune ? Quand cette volage déesse demeureroit constante à votre égard, la simple appréhension d’éprouver ses caprices seroit déjà votre tourment. Je le vois, ce spectre hideux, qui