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Les quatre.

même un asyle dans le séjour des ombres, dans la région fabuleuse des mânes. Alors périront avec nous, & dans le même clin-d’œil, nos stériles spéculations, nos vastes projets, nos inquiétudes inutiles ; alors & nous, & tout ce qui est en nous, sera englouti dans la nuit éternelle du tombeau. Nos doutes sur l’origine des êtres, sur la cause premiere de tout ce qui existe, nos doutes, hélas ! périront avec nous, sans que jamais nous ayions pu les dissiper. Cependant, s’il y a une intelligence suprême, un esprit qui tient entre ses mains les rênes de l’univers, soyons assurés qu’il se plaît à nous voir remplir le but de notre existence, en jouissant de tous les plaisirs pour lesquels nous avons été créés. Cette réflexion suffit pour adoucir l’amertume de toutes les autres ; encore ne faut-il pas s’en trop occuper, s’y livrer entiérement ; car, elle répandroit trop de sérieux sur nos amusemens. Faisons-nous, une fois pour toutes, une philosophie qui bannisse les vains scrupules de la superstition ; & abandonnons-nous ensuite aux charmes de