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Les quatre.

de ce que je sens. Mais pourrois-je douter que tu ne m’entendes sans le secours de la parole, que tu ne lises au fond d’un cœur qui t’appartient, que tu ne sois embrasée du même feu que moi ? Toutes tes paroles, toutes tes actions respirent l’amour le plus passionné ; ta flamme augmente la mienne, j’y puise de nouveaux feux. Ah ! l’aimable solitude ! l’agréable silence ! les délicieuses ténebres ! Loin du reste du monde, nous sommes seuls dans la nature ; aucune distraction importune ne trouble les vifs transports de nos ames. Toutes nos idées, tous nos sens, tout notre être, se trouvent concentrés dans le bonheur mutuel que nous nous procurons. Mortels abusés, cessez de chercher ailleurs des plaisirs comparables à celui-ci.

Mais me trompé-je ? Quoi ! Célie, vous soupirez. Votre sein s’éleve avec force ; les sanglots vous suffoquent, un torrent de larmes vient baigner vos joues enflammées ! Quel est le sujet de ces angoisses ? Parlez donnez un libre cours à vos soucis, versez-