Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/428

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
Les quatre.

& répand en passant des rayons qui éclairent toute la scene de nos plaisirs. Elle nous offre encore, dans le lointain d’une belle perspective, les plaisirs que nous avons goûtés, & nous fait trouver autant de délices dans leur souvenir, que nous en avions éprouvé dans leur attente.

Mais, le soleil s’est caché sous l’horison ; l’obscurité nous a surpris ; un voile épais couvre toute la face de la nature. Courage, mes amis ; continuez vos divertissemens, prolongez le repas, ou faites-y succéder la douceur du repos. Je m’éloigne pour quelque tems de vous ; cependant mon absence ne m’empêchera pas de prendre part à votre joie ou à votre tranquillité. Mais ils voudroient m’arrêter. Où allez-vous, disent-ils ? Quels plaisirs nouveaux vous font quitter notre compagnie ? Y en auroit-il pour vous loin de vos amis ? Et pourriez-vous vous plaire où nous ne sommes pas ? Oui, chers compagnons, ne vous en offensez point : le plaisir que je cherche ne souffre point de partage ; il est le seul qui puisse me faire sou-