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Philosophiques.

immédiat attaché à ces occupations, les décisions des philosophes ne sont que des réflexions méthodiques & exactes sur la vie commune. Mais ils ne seront jamais tentés de sortir de cette sphere, tant qu’ils considéreront l’imperfection des facultés qu’ils emploient, le peu d’exactitude de leurs opérations, & les bornes étroites de leur portée. Nous ne saurions donner de bonne raison pourquoi, après mille expériences, nous croyons qu’une pierre tombera ou que le feu brûlera, & nous prétendrions décider, d’une maniere satisfaisante, sur l’origine des mondes, & sur les routes que la nature suit de toute éternité.

Cette étroite limitation de nos recherches est, en effet, une chose si raisonnable à tous égards, que le moindre examen des facultés naturelles de l’esprit humain, comparées à leurs objets, suffit pour nous en recommander la nécessité ; cet examen nous découvrira quels sont les sujets convenables à nos sciences & à nos recherches.

Les quantités & les nombres me paroissent l’unique matiere des sciences abstraites,