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Essais.

Il faut avouer cependant que ce scepticisme, pris dans un sens plus modéré, est une chose très raisonnable, un préparatif nécessaire à l’étude de la philosophie, en ce qu’il conserve une juste impartialité dans nos jugemens, & qu’il désaccoutume notre esprit de ces préjugés dont l’éducation, ou des opinions peu réfléchies, peuvent l’avoir imbu. Commencer par des principes clairs & évidens par eux-mêmes, faire des pas timides, mais assurés, revoir souvent nos conclusions, & en examiner toutes les conséquences avec exactitude, ce ne sont pas là les moyens d’avancer fort vite dans nos systême ; mais, c’est l’unique méthode par laquelle nous puissions espérer d’arriver au vrai, de donner de la stabilité & de la certitude à nos décisions.

Il y a une seconde espece de scepticisme, qui marche après la science & les recherches. Il suppose que nous ayions découvert, ou une illusion absolue dans toutes nos facultés intellectuelles, ou leur impuissance à nous procurer rien de fixe dans toutes ces spéculations curieuses dont elles s’occupent pour