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Essais.

un chef suprême de monde, réglant le cours des événemens, punissant le vice par les traverses & par l’infamie, couronnant la vertu de gloire & de succès. Assurément, je ne nie pas le cours même des événemens : il s’offre aux recherches & à l’examen d’un chacun. Je conviens que dans la constitution présente des choses la vertu est accompagnée d’une plus grande paix intérieure que le vice, & que le monde lui fait un accueil plus favorable. Je sens, par l’expérience du passé, que l’amitié est le souverain plaisir de la vie, & la modération l’unique source de la tranquillité & du bonheur. Je ne balance jamais entre la vie vertueuse & la vie criminelle ; un esprit bien fait s’apperçoit que tout l’avantage est du côté de la premiere. Mais, toutes vos suppositions & tous vos raisonnemens, que m’apprennent-ils de plus ? Vous me dites, à la vérité, que cet argument des choses vient d’une intelligence & d’un dessein ; mais de quoi qu’il vienne, il est toujours le même par rapport à notre bonheur & à notre malheur, & par conséquent à notre vie & à notre conduite. Il m’est