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Essais.

cle fondé sur le témoignage des hommes ? devoir être plutôt un objet de dérision qu’un sujet de raisonnement[1].

Assurément, il n’y eût jamais un si grand nombre de miracles, attribués à une seule personne, que ceux que l’on disoit, en dernier lieu, avoir été opéré, en France, sur le tombeau de l’Abbé Pâris, ce fameux janséniste dont la sainteté en imposa si long-tems au peuple. On n’entendoit parler d’autre chose que de malades guéris, que de sourds retrouvant l’ouïe, que d’aveugles qui avoient recouvré l’usage des yeux : ce n’étoient-là que les effets les plus communs de ce sacré sépulchre. Mais ce qui est plus extraordinaire, c’est que plusieurs de ces miracles furent prouvés immédiatement sur «les lieux, devant des juges d’une intégrité indubitable,

  1. Belle conséquence ! Le peuple superstitieux de Sarragosse s’en est laissé imposer par un faux miracle. Donc, il n’y a jamais eu ni tems, ni lieux, où il n’ait été possible de faire recevoir de faux miracles pour vrais ; il n’y a jamais eu d’hommes, de sociétés, capables de démêler les impostures les plus grossieres, & de leur réfuter sa créance. Note de l’Éditeur.