DIXIEME ESSAI.
Sur les miracles.
Premiere Partie.
Il y a, dans les écrits du docteur Tillotson,
un argument contre la présence réelle, aussi
précis, aussi solide, & aussi bien exprimé,
qu’on en puisse imaginer contre une doctrine
qui mérite si peu d’être sérieusement réfutée.
On convient universellement, dit ce docte
prélat, que l’autorité, tant de l’écriture que
de la tradition, ne repose que sur le témoignage
des apôtres, qui furent témoins oculaires
des miracles par lesquels notre sauveur
prouva sa mission divine. L’évidence de la
vérité de la religion chrétienne est donc moindre
que l’évidence de la fidélité de nos sens :
elle n’étoit pas plus grande dans les premiers
auteurs de notre religion, & il est manifeste
qu’elle a dû diminuer en passant d’eux à leurs
disciples : de sorte que nous ne pouvons