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Philosophiques.

de rendre raison des argumens fondés sur l’expérience : il y a lieu d’espérer que ce nouveau point de vue confirmera les observations que nous avons déjà faites.

Premièrement, il paroît évident qu’à bien des égards les bêtes s’instruisent par l’expérience, aussi bien que l’homme : & que, comme lui, elles inferent, les mêmes événemens des mêmes causes. C’est à l’aide de ce principe qu’elles se familiarisent avec les propriétés les plus communes des objets extérieurs, & que, dès leur naissance, elles accumulent, peu à-peu, des connoissances sur la nature du feu, de l’eau, de la terre, des pierres, des hauteurs, des profondeurs, &c., & sur les effets qui en résultent. L’ignorance & l’inexpérience des jeunes animaux se distingue manifestement de la ruse & de la sagacité des vieux, à qui de longues observations ont appris à éviter ce qui blesse, & à poursuivre ce qui donne de plaisir. Un cheval, exercé à la campagne, connoît les hauteurs qu’il peut franchir, & ne hasardera jamais un saut qui excede ses forces. Le vieux lévrier, laissant la fatigue de la chasse au jeune, se