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Philosophiques.

tions sont, de leur nature, temporelles & passageres, donc, bonnes ou mauvaises, à moins que de procéder de quelque cause renfermée dans le caractere & dans les dispositions de l’agent, elles ne sauroient tourner, ni à sa gloire, ni à sa honte. Une action peut être blâmable en elle-même : elle peut choquer toutes les loix de la morale & de la religion ; mais, si elle ne dérive de rien qui soit durable & constant, si elle ne laisse rien après foi ; l’agent n’en est point responsable, & n’en peut être justement puni. Ainsi, dans les principes de ceux qui nient la nécessité, & la causalité qui en résulte, un homme, après avoir commis les crimes les plus horribles, est aussi pur & net qu’il pouvoit l’être au premier instant de sa naissance : son caractere n’est point intéressé dans des actions qui n’en dérivent pas ; & leur méchanceté n’est pas la preuve de sa dépravation. On ne blâme personne pour des actes qu’il commet par ignorance, ou par accident, quelles qu’en soient les suites ; pourquoi cela, si ce n’est à cause que les principes de