Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
Essais.

immédiat que nous retirons de toutes nos connoissances, c’est d’apprendre à diriger les événemens futurs conformément à leurs causes. Nos pensées, & nos recherches roulent donc à chaque moment sur ce rapport ; cependant, telle est l’imperfection des idées que nous en avons, qu’il est impossible de bien définir ce que c’est que cause, sans emprunter cette définition de quelque chose d’étranger au sujet. Les objets similaires sont toujours joints à des objets similaires ; première expérience, qui nous sert à définir la cause, un objet tellement suivi d’un autre objet que tous les objets semblables au premier soient suivis d’objets semblables au second. La vue d’une cause conduit l’ame, par son passage habituel, à l’idée de l’effet : seconde expérience, qui fournit une seconde définition : la cause est un objet tellement suivi d’un autre objet, que la présence du premier fasse toujours penser au second.

Ces définitions sont prises toutes deux de circonstances étrangères à la nature des causes ; c’est un inconvénient sans remede ; il n’y a pas moyen d’atteindre à une définition plus exacte, & nous ne saurions déterminer