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Philosophiques.

plicable par les puissances de la nature. Mais les philosophes qui vont un peu plus loin dans leurs recherches, se sont aisément apperçu que l’énergie des causes n’étoit pas plus marquée dans les événemens les plus journaliers que dans les plus extraordinaires : ils ont reconnu que nous n’avons sur ce sujet que les seules lumières de l’expérience, qui ne nous instruit que d’une co-existence fréquente de certains objets, sans nous mettre jamais en état de comprendre ce qu’on nomme leur liaison. De là vient que plusieurs d’entr’eux ont cru que la raison les forçoit d’admettre, dans toutes les occasions, le même principe auquel le vulgaire n’a recours que dans les cas qui lui paroissent tenir de surnaturel & de miraculeux. Peu contens d’ériger l’esprit & l’intelligence en cause première & originelle de tout être, ils veulent en faire la cause unique & immédiate de chaque événement dans l’univers. Ils prétendent que les causes, communément dites, ne sont, à proprement parler, que des occasions, & que ce n’est point dans les forces naturelles qu’il faut chercher la raison des effets, mais dans