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Essais.

La vérité est que nous ne voyons rien dans les qualités sensibles des diverses parties de la matière qui manifeste ce pouvoir, ou cette énergie, ni qui donne lieu d’imaginer que ces qualités soient de nature à produire quoi que ce soit, ou qu’elles doivent être suivies de quelque chose que l’on puisse appeller leur effet. La solidité, l’étendue, le mouvement, sont autant de qualités complettes en elles-mêmes : elles n’indiquent aucun autre événement qui en puisse être le résultat. La scene de l’Univers est assujettie à un changement perpétuel ; les objets se suivent dans une succession continuelle : mais le pouvoir, ou la force, qui anime la machine entière, se dérobe à nos regards, & les qualités sensibles des corps n’ont rien qui puisse nous la découvrir. Nous savons par le fait, que la chaleur est la compagne inséparable de la flamme ; mais pouvons-nous conjecturer, ou imaginer même, ce qui les lie ; il n’y a donc point de cas individuel d’un corps agissant, dont la contemplation fasse naître l’idée de pouvoir ; parce qu’il n’y a point