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Essais.

d’une personne de ma connoissance, venant de la chambre prochaine : cette impression étant faite sur mes sens, aussi-tôt cette personne se trace à ma pensée avec tous les objets qui l’environnent, je men fais un tableau comme de choses existantes, auxquelles je donne les mêmes qualités & les mêmes rapports que je leur ai connus autrefois. Or ce tableau a plus de prise sur mon ame que n’en auroit, celui d’un palais chanté : les idées qui le forment se font sentir d’une toute autre façon, leur influence, en tout sens, est plus énergique, elles sont plus capables de me causer du plaisir ou de la douleur, de la joie ou de la tristesse.

Récapitulons à présent le sommaire de cette doctrine & convenons 1°. que le sentiment de la croyance n’est autre chose qu’une conception qui a plus d’intensité & de consistence que n’en ont les simples actes de l’imagination : 2°. que cette maniere de concevoir résulte de la coutume de joindre l’objet conçu avec quelque chose qui est actuellement présent aux sens ou à la mémoire. Après quoi il ne sera pas difficile de découvrir