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Essais.

sent, les uns sur les autres, des effets réciproques ; & la conclusion même que nous venons de lui attribuer, ne seroit pas le fruit d’une conduite raisonnée. Il s’y trouveroit néanmoins déterminé ; & quand il seroit convaincu que son entendement n’y a point de part, ses pensées iroient toujours le même train ; c’est que sans doute quelqu’autre principe l’entraîneroit à cette conclusion.

Ce principe se nomme, coutume ou habitude. Toutes les fois que la réitération fréquente d’un acte particulier a fait naître une disposition à reproduire le même acte, sans que ni le raisonnement, ni aucune opération intellectuelle, s’en mêlent ; nous disons que cette disposition est l’effet de la coutume. En nous servant de ce terme, nous ne prétendons pas assigner une cause primitive ; nous ne faisons qu’indiquer par-là un principe de la nature humaine généralement reconnu & manifeste par ses effets. Il se peut que nos recherches ne nous conduisent pas plus loin ; il se peut qu’il soit impossible de trouver la cause de cette cause ; en ce cas, il faudra s’en contenter comme de dernier principe assignable