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Essais.

veloppons, avec soin, les vanités de la vie humaine, & nous nous épuisons en méditation sur le néant des biens passagers, des richesses & des honneurs. Peut-être qu’en tout cela nous ne faisons que suivre notre indolence naturelle ; peut-être que haïssant le fracas de monde & le détail des affaires, nous ne cherchons que des prétextes plausibles, pour pouvoir nous livrer, sans réserve, à notre goût pour l’oisiveté. Il y a cependant une philosophie qui ne paraît gueres sujette à cet inconvénient, parce qu’elle ne tient à aucune passion déréglée de l’esprit, & ne se laisse séduire par aucun de ses penchans naturels ; c’est la philosophie académique, ou sceptique. Les philosophes de l’académie ne nous parlent que de doutes, de suspension de jugement, de danger qu’on court en hâtant ses décidons, des bornes étroites où il faut renfermer les recherches intellectuelles : ils nous exhortent sans cesse à renoncer aux spéculations qui sortent de la sphere de la vie commune, & qui n’ont point d’usage dans la pratique. Cette philosophie est donc ce qu’il y a de plus contraire à la molle oisiveté