CINQUIEME ESSAI.
Solution sceptique des doutes précédens.
Premiere Partie.
L’amour de la philosophie est sujet au
même inconvénient que le zele pour la religion.
Il devroit réformer les mœurs, & extirper
les vices ; mais par l’abus qu’on en fait,
il ne sert le plus souvent que d’aliment à nos
passions : il nous entraîne d’une maniere plus
déterminée, du côté vers lequel nous ne penchons
déjà que trop par la force de la nature
& de tempérament. À force d’aspirer à la fermeté
magnanime du Sage, & de nous renfermer
dans les jouissances intérieures de l’esprit,
il arrivera, à coup sûr, à notre philosophie,
ce qui est arrivé à celle d’Epictete &
des autres Stoïciens : elle se réduira à un pur
rafinement d’amour-propre ; & la subtilité
de nos raisonnemens ira jusqu’à nous dépouiller
de toute vertu, à nous priver de
tous les agrément de la vie sociale. Nous dé-