Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
Essais.

établies dans la nature : & les abstractions géométriques ne peuvent avoir que deux usages ; ou elles aident l’expérience dans la découverte de ces loix, ou elles déterminent leur influence sur les cas particuliers dans lesquels cette influence dépend d’un degré précis de distance & de quantité. C’est, par exemple, une des loix de mouvement découverte par l’expérience, que la force d’un corps qui se meut suit la raison composée de sa masse avec sa vîtesse ; d’où l’on conclut que la moindre force pourra vaincre le plus grand obstacle, & lever les poids les plus énormes, pourvu que par quelque mécanisme artificiel nous puissions augmenter sa vîtesse jusqu’à un certain point, je veux dire, à ce point qui la rend supérieure à la force opposée. Or, que fait ici la géométrie ! Elle nous prête son assistance dans l’application de cette loi, en traçant de justes dimensions des parties qui peuvent entrer dans la composition de toutes sortes de machines, & des différentes figures qu’on peut leur donner. Mais la découverte de la loi même n’est due qu’à l’expérience, & toutes