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Philosophiques.

nos bornes : il n’est pas vraisemblable que nous puissions aller plus loin, trop heureux encore si, par un examen précis, & par des raisonnemens justes, nous parvenons à faire remonter les phénomènes jusqu’à ces principes généraux, ou à les en approcher. La physique, dans sa plus haute perfection, ne fait que reculer un peu notre ignorance : la morale & la métaphysique ne servent peut-être qu’à nous la montrer dans une plus vaste étendue : le résultat total de la philosophie, c’est de nous apprendre combien nous savons peu de chose, & de nous convaincre de notre insuffisance. Nous avons beau nous révolter, faire des efforts pour surmonter ces inconvéniens, ou pour les éviter ; quelque détour que nous prenions, ils nous arrêtent au passage.

La géométrie même, appelée au secours des sciences naturelles, ne sauroit remédier à ce défaut : cette science, si justement célébrée pour l’exactitude de ses raisonnemens, n’est pourtant pas en état de nous conduire jusqu’à la connoissance des premières causes. Toutes les parties des mathématiques mixtes se fondent sur la supposition de certaines loix