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vues des cordillères,

Le plateau de Tapia, qui s’étend à l’est jusqu’au pied de l’Altar et du Condorasto, est élevé de trois mille mètres. Sa hauteur égale à peu près celle du Canigou, l’une des hautes cimes des Pyrénées. La plaine aride offre quelques pieds de Schinus molle, de Cactus, d’Agave et de Molina. On voit, sur le premier plan, des lamas (Camelus lacma) dessinés d’après nature, et des groupes d’Indiens allant au marché de Lican. Le flanc de la montagne présente cette gradation de la vie végétale que j’ai essayé de tracer dans mon Tableau de la Géographie des Plantes, et qu’on peut suivre sur la pente occidentale des Andes, depuis les bosquets impénétrables de palmiers jusqu’aux neiges éternelles bordées par une couche mince de plantes licheneuses.

À trois mille cinq cents mètres de hauteur absolue, se perdent peu à peu les plantes ligneuses à feuilles lustrées et coriaces. La région des arbustes est séparée de celle des graminées par des herbes alpines, par des touffes de Nerteria, de Valérianes, de Saxifrages et de Lobelia, et par de petites plantes crucifères. Les graminées forment une zone