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et monumens de l’amérique.

vallées des Cordillères offrent les sites les plus sauvages et les plus propres à remplir l’âme d’admiration et d’effroi. Ce sont des crevasses dont le fond et les bords sont ornés d’une végétation vigoureuse, et dont souvent la profondeur est si grande, que le Vésuve et le Puy-de-Dôme pourroient y être placés sans que leur cime dépassât le rideau des montagnes les plus voisines. Les voyages intéressans de M. Ramond ont fait connaître la vallée d’Ordesa, qui descend du Mont-Perdu, et dont la profondeur moyenne est de près de neuf cents mètres (quatre cent cinquante-neuf toises). En voyageant sur le dos des Andes, de Pasto à la Villa de Ibarra, et en descendant de Loxa vers les bords de la rivière des Amazones, nous avons traversé, M. Bonpland et moi, les fameuses crevasses de Chota et de Cutaco, dont l’une a plus de quinze cents, et l’autre plus de treize cents mètres de profondeur perpendiculaire. Pour donner une idée plus complète de la grandeur de ces phénomènes géologiques, il est utile de faire observer que le fond de ces crevasses n’est que d’un quart moins élevé au-dessus du niveau des eaux de la mer,