J’ajoutai d’un air tentant :
« Vous êtes belle, ô Fanchette !
Et dans votre œil éclatant
Tout le ciel bleu se reflète. »
Vous en auriez fait autant !
Son petit sein palpitant
S’enflait sous la collerette.
L’eau riait en clapotant,
Et moi j’écoutais, tout bête :
Vous en auriez fait autant !
Elle rougit un instant,
Tout en me faisant risette.
Dans son tablier flottant
Je mis une pâquerette :
Vous en auriez fait autant !
« Je me jette dans l’étang,
Si vous n’êtes pas honnête ! »
Je protestai, me flattant
D’apprivoiser la pauvrette :
Vous en auriez fait autant !
« Vous me boudez, et pourtant,
Voyez, la terre est en fête !
— Vous m’en direz tant et tant
Que nous en perdrons la tête ! »
Vous en auriez fait autant !
Je partis, j’étais content.
« Nous nous reverrons, fillette ! »
Et tout un amour chantant
Naquit de notre amourette :
Vous en avez fait autant !
Oh ! le premier baiser sur la lèvre adorée !
Comme il vous met au front la subite pâleur !
On ne sait si l’on boit, tant l’extase est sacrée,
Le souffle d’une femme ou celui d’une fleur.