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lit deux jeunes officiers anglais, accompagnés de trois ou quatre esclaves chargés de différents effets. « Recevez, dit l’un d’eux, ces faibles dons. C’est le major Peddy et le capitaine Campbell qui vous les envoient, et nous, Monteur, nous avons, voulu jouir du bonheur de vous les apporter. » Quelques minutes après, le major Peddy entra lui-même dans la salle et serra le malade dans ses bras en versant des larmes.

Les médecins anglais voyant que la santé de Corréard, loin de s’améliorer, semblait au contraire s’affaiblir de plus en plus, le déterminèrent à retourner dans sa patrie. Le 28 novembre au matin, il s’embarqua sur un cotre qui devait le conduire à bord de la flûte la Loire en partance pour la France. Il était dans une situation affreuse, exténué par cinq mois de maladie, dévoré par une fièvre brûlante. Il entendit quelqu’un qui disait : « En voilà un qui n’ira jamais jusqu’en France. »

La Loire mit à la voile le 1er décembre et aborda à Rochefort le 27 du même mois. Corréard eut pour compagnon, sur le navire, M. de Chaumareys, l’ancien commandant de la Méduse qui regagnait la métropole pour être jugé, et qui, le 3 mars suivant, par décision du Conseil maritime, reconnu coupable de l’échouage et de la perte de la Méduse y fut condamné à trois ans de prison militaire, à être rayé de la liste des officiers de la marine et à ne plus servir.

Ici ne se terminent pas les mésaventures de l’infortuné Corréard. Il est vrai que celles qui suivirent furent moins tragiques ; mais, quoique d’un ordre différent, on peut les regarder comme dérivant des précédentes.

Le 4 février 1817, se croyant totalement rétabli, il se décida à partir pour Paris ; mais comme ses ressources pécuniaires étaient faibles et qu’il lui fallait faire d’assez fortes dépenses pour s’habiller (car il était presque nu en descendant de la Loire), il crut pouvoir faire la route à