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INTRODUCTION

animaux de boucherie à la grande île de Madagascar ; car, par ce système, nous pourrions nourrir sans frais et sans peine de vastes troupeaux de bœufs et de moutons, exemptant ainsi notre colonie d’un tribut qu’elle s’impose volontairement.

Ces bœufs et ces moutons fourniraient à nos cultures un engrais économique et complet ; ils fourniraient en même temps une nourriture plus substantielle à nos travailleurs engagés, auxquels on pourrait alors demander un travail en rapport avec la nourriture substantielle qu’ils prendraient. Le propriétaire y gagnerait, car si l’azote fournit la belle végétation, l’azote aussi constitue la force de l’homme ; et, plus un homme prend de nourriture azotée (dans de justes limites cependant), plus il peut rendre des services. Un homme mal nourri, ne vivant que de végétaux, de riz, reçoit à peine des forces pour exécuter les mouvements de la locomotion ; une nourriture animalisée lui donne un supplément de forces qu’il peut alors employer au service de celui qui le paye et le nourrit.

J’ébauche seulement cette idée ; mais il me semble difficile de disconvenir qu’elle pourrait peut-être devenir la source d’une amélioration dans notre système de culture, et, par suite, dans le mode d’alimentation de la population de la colonie, en abaissant le prix de la viande de boucherie à la portée de toutes les positions sociales, de toutes les fortunes.

Une petite cause, en agriculture comme en tout, peut souvent produire les plus grands effets.