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À LA CHIMIE AGRICOLE.

pas mis à l’abri de l’ardeur du soleil, il perdrait complétement l’humidité qui l’imprègne, et sans humidité il ne saurait y avoir désagrégement du terrain, dont les éléments doivent fournir ultérieurement les principes minéraux de la nutrition aux végétations futures ; il ne saurait y avoir formation de cet humus que nous avons vu indispensable à la plante, et qui ne se forme pas sans l’action de l’humidité. Les débris végétaux accumulés par les dépouilles inférieures de la canne à sucre se conserveraient intacts, ils ne pourriraient pas. À l’abri du chiendent, ces débris se combinent lentement à l’oxygène de l’air, ils forment de l’humus, de l’acide carbonique pour le chiendent, qui accumule ainsi de nouvelles quantités de carbone pour de nouvelles récoltes de cannes à sucre.

Mais n’arriverait-on pas au même résultat en alternant ces récoltes de cannes avec quelque légumineuse de facile reproduction, quelque variété de ces pois qui, suivant les localités, viennent avec un feuillage si touffu ? L’agriculture y gagnerait beaucoup, d’abord parce que la plante légumineuse ne prend pas à la terre les mêmes principes que la canne et le chiendent qui, tous deux de la même famille, se nourrissent des mêmes aliments ; ensuite la légumineuse soutirant de l’azote libre de l’atmosphère, en rendrait de grandes quantités à la terre par ses débris foliacés et ses racines, cumul dont profiteraient en entier les cultures ultérieures de cannes ; enfin, ce serait une précieuse ressource pour le pays qui emprunte presque tous ses