Mort sans le savoir
vrogne, il l’était dans toute l’ignominie du terme. Vingt années passées à boire, à désoler sa famille, à gaspiller un beau talent, à se déshonorer, à se tuer ! Il y avait réussi, oh ! pleinement !…
Perdu d’honneur et de santé, méprisé de tous, le notaire vivait seul dans sa maison, triste foyer depuis longtemps abandonné par la femme et les enfants. Allez donc vivre avec une brute toujours avinée !…
Solitaire il vivait donc, dans de journaliers tête-à-tête avec ses flacons de genièvre. Il en vidait alors deux chaque jour.
Il cuisinait lui-même ses repas, du reste fort rares, étant donné qu’un buveur selon le dicton, ne saurait être un grand mangeur ; et l’on sait pourquoi. Fort simple également son menu : quelques patates bouillies. Il s’en préparaient pour plusieurs jours, et les mangeait froides.
Un jour, au sortir d’un de ces repas lourds et indigestes, il tomba foudroyé sur le plancher de la cuisine. Par un heureux hasard il fut presque aussitôt trouvé. On le transporta sur son lit. Le médecin appelé en toute