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après un excès de boisson, il déclarait à sa famille : « Je bois parce que mon père boit : j’ai du whisky dans le sang. »

Qui lui a appris cette épouvantable loi de l’atavisme ? Personne sans doute, mais il la sent qui brûle ses veines.

La mère, ai-je dit, était sortie.

Elle était allée se munir d’un mandat d’arrêt contre son mari. Elle avait cédé aux conseils de ses voisines et à la prudence. Car le mari, quand il est en boisson, est une brute. La hache à la main il veut tout détruire. Tout dernièrement il menaçait de briser une belle machine à coudre toute neuve. S’il reste encore quelques meubles sous ce pauvre toit, c’est grâce à l’épouse, femme de bonne taille, qui tient tête à l’ivrogne, l’accule au mur et le désarme.

Pauvre famille ! pauvres enfants ! quelles scènes lamentables se déroulent habituellement à ce foyer ! Une fillette de huit ans, la plus jeune de la famille, grandit au millieu de ces horreurs et de ces tristesses. Elle est pâle, maladive. Va-t-elle mourir comme la grande sœur ?…

Père infâme !…

Dans la troisième et dernière maison que je visitai, et qui regorgeait également