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de Brandebourg, une paix générale qui permettait à l’Allemagne de réunir toutes ses forces pour leur extermination, et un impôt universel, le denier commun, que le prince souverain payait comme le paysan. La terreur de leur approche avait fait transporter la couronne de Charlemagne et les joyaux de l’empire de Carlstein à Bude, et de Bude à Nuremberg. Ils avaient effroyablement dévasté, en présence de l’Allemagne armée et effarée, huit provinces, la Misnie, la Franconie, la Bavière, la Lusace, la Saxe, l’Autriche, le Brandebourg et la Prusse ; ils avaient battu les meilleurs capitaines de l’Europe, l’empereur Sigismond, le duc Coribut Jagellon, le cardinal Julien, l’électeur de Brandebourg et le légat du pape. Devant Prague, à Teutschbroda, à Saatz, à Aussig, à Riesenberg, devant Mies et devant Taus, ils avaient exterminé huit fois l’armée du Saint-Empire, et, dans ces huit armées, il y en avait une de cent mille hommes, commandée par l’empereur Sigismond, une de cent vingt mille hommes, commandée par le cardinal Julien, et une de deux cent mille hommes commandée par les électeurs de Trèves, de Saxe et de Brandebourg. Cette dernière seulement, dans l’état des forces militaires du quinzième siècle, représenterait aujourd’hui un armement de douze cent mille soldats. Et combien de temps dura cette guerre faite par une secte à l’Europe et au genre humain ? Seize ans. De 1420 à 1436. Sans nul doute, c’était là un sauvage et gigantesque ennemi. Eh bien, la civilisation du quinzième siècle, par cela même que c’était la barbarie et qu’elle était la civilisation, a été assez forte pour le saisir, l’étreindre et l’étouffer. Croit-on que la civilisation du dix-neuvième siècle doive trembler devant une douzaine de fainéants ivres qui épellent un libelle dans un cabaret ?

Quelques malheureux, mêlés à quelques misérables, voilà les hussites du dix-neuvième siècle. Contre une pareille secte, contre un pareil danger, deux choses suffisent, la lumière dans les esprits, un caporal et quatre hommes dans la rue.

Rassurons-nous donc et rassurons le continent.

La Russie et l’Angleterre laissées dans l’exception, et nous avons assez dit pourquoi, on reconnaît en Europe,