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la révolution anglaise sont moins féconds que ceux qui se sont dégagés de la révolution française. L’une, égoïste comme toutes ces autres républiques qui sont mortes, n’a stipulé que pour le peuple anglais ; l’autre, nous l’avons dit tout à l’heure, a stipulé pour l’humanité tout entière.

Du reste, le parallèle est favorable à la France. Les massacres du Connaught dépassent 93. La révolution anglaise a eu plus de puissance pour le mal que la nôtre, et moins de puissance pour le bien ; elle a tué un plus grand roi et produit un moins grand homme. On admire Charles Ier ; on ne peut que plaindre Louis XVI. Quant à Cromwell, l’enthousiasme hésite devant ce grand homme difforme. Ce qu’il a de Scarron gâte ce qu’il a de Richelieu ; ce qu’il a de Robespierre gâte ce qu’il a de Napoléon.

On pourrait dire que la révolution britannique est circonscrite dans sa portée et dans son rayonnement par la mer, comme l’Angleterre elle-même. La mer isole les idées et les événements comme les peuples. Le protectorat de 1657 est à l’empire de 1811 dans la proportion d’une île à un continent.

Si frappantes que fussent, au milieu même du dix-septième siècle, ces aventures d’une puissante nation, les contemporains y croyaient à peine. Rien de précis ne se dessinait dans cet étrange tumulte. Les peuples de ce côté du détroit n’entrevoyaient les grandes et fatales figures de la révolution anglaise que derrière l’écume des falaises et les brumes de l’océan. La sombre et orageuse tragédie où étincelaient l’épée de Cromwell et la hache de Hewlet n’apparaissait aux rois du continent qu’à travers l’éternel rideau de tempêtes que la nature déploie entre l’Angleterre et l’Europe. À cette distance et dans ce brouillard, ce n’étaient plus des hommes, c’étaient des ombres.

Chose bien digne de remarque et d’insistance, dans l’espace d’un demi-siècle, deux têtes royales ont pu tomber en Angleterre, l’une sous un couperet royal, l’autre sur un échafaud populaire, sans que les têtes royales d’Europe en fussent émues autrement que de pitié. Quand la tête de Louis Xvi tomba à Paris, la chose parut toute nouvelle, et l’attentat sembla inouï. Le coup frappé par la main vile