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le faire roi, mais il se sauva. Enfin il manqua naufrager en mainte rencontre et notamment près du cap Gardafù que les anciens appelaient Promontorium aromatorum ; à travers tant d’aventures, tant d’erreurs, de fatigues, de prouesses, de travaux et de misères, le brave et fidèle chevalier Pécopin n’avait qu’un but, retrouver l’Allemagne ; qu’une espérance, rentrer au Falkenburg ; qu’une pensée, revoir Bauldour.

Grâce au talisman de la sultane qu’il portait toujours sur lui, il ne pouvait, on s’en souvient, ni vieillir ni mourir.

Il comptait pourtant tristement les années. A l’époque où il parvint enfin à atteindre le nord du pays de France, cinq ans s’étaient écoulés depuis qu’il n’avait vu Bauldour. Quelquefois il songeait à cela le soir après avoir cheminé depuis l’aube, il s’asseyait sur une pierre au bord de la route et il pleurait.

Puis il se ranimait et reprenait courage : — Cinq ans, pensait-il, oui, mais je vais la revoir enfin. Elle avait quinze ans, eh bien ! elle en aura vingt ! — Ses vêtements étaient en lambeaux, sa chaussure était déchirée, ses pieds étaient en sang, mais la force et la joie lui étaient revenues, et il se remettait en marche.

C’est ainsi qu’il parvint jusqu’aux montagnes des Vosges.