Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée


Le diable poussa un grand cri. Les âmes délivrées s’enfuirent par l’issue que le poignard de Pécopin venait de leur ouvrir, laissant dans l’outre leurs noirceurs, leurs crimes et leurs méchancetés, monceau hideux, verrue abominable qui, par l’attraction propre au démon, s’incrusta en lui, et, recouverte par la peau velue de l’outre, resta à jamais fixée entre ses deux épaules. C’est depuis ce jour-là qu’Asmodée est bossu.

Cependant, au moment où Pécopin se rejetait en. arrière, le géant invisible avait laissé choir sa pierre, qui tomba sur le pied du diable et le lui écrasa. C’est depuis ce jour-là qu’Asmodée est boiteux.

Le diable, comme Dieu, a le tonnerre à ses ordres ; mais c’est un affreux tonnerre inférieur qui sort de terre et déracine les arbres. Pécopin sentit le rivage de la mer trembler sous lui et que quelque chose de terrible l’enveloppait ; une fumée noire l’aveugla, un bruit effroyable l’assourdit ; il lui sembla qu’il était tombé et qu’il roulait rapidement en rasant le sol, comme s’il était une feuille morte chassée par le vent. Il s’évanouit.