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LETTRE XXVII


SPIRE


Étymologie et histoire. — Le blé. — Le vin pied-d’oison. — La cathédrale. — Quelle pensée y saisit le voyageur. — Détails des empereurs enterrés à Spire. — Lueurs qui traversent les ténèbres de l’histoire. — 1693. — 1793. — Souviens-toi de Conrad.


Bords du Neckar, octobre.

Que vous dirai-je de Spire, ou Speyer, comme la nomment les allemands, ou Spira, comme la nommaient les romains ? Neomagus, dit la légende. Augusta Nemetum, dit l’histoire. C’est une ville illustre. César y a campé, Drusus l’a fortifiée, Tacite en a parlé, les huns l’ont brûlée, Constantin l’a rebâtie, Julien l’a agrandie, Dagobert y a fait d’un temple de Mercure un couvent de Saint-Germain. Othon Ier y a donné à la chrétienté le premier tournoi, Conrad Le Salien en a fait la capitale de l’empire, Conrad II en a fait le sépulcre des empereurs. Les templiers, qui y ont laissé une belle ruine, ont rempli là leurs fonctions de sentinelles aux frontières. Tous les torrents d’hommes qui ont dévasté et fécondé l’Europe ont traversé Spire ; pendant les premiers siècles, les vandales et les alemans ( tous les hommes, hommes de toutes races, dit l’étymologie) ; pendant les derniers, les français. Durant le moyen âge,