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profond, souvent choisi par ces sculpteurs des époques naïves, qui étaient tous des poètes.

Quand on pénètre dans l’intérieur de l’église, l’impression est à la fois variée et forte. Les fresques byzantines, les peintures flamandes, les bas-reliefs du treizième siècle, les chapelles exquises du gothique fleuri, les tombeaux néo-païens de la renaissance, les consoles délicates sculptées aux retombées des arcs-doubleaux, les armoiries coloriées et dorées, les entre-colonnements peuplés de statuettes et de figurines, composent un de ces ensembles extraordinaires où tous les styles, toutes les époques, toutes les fantaisies, toutes les modes, tous les arts vous apparaissent à la fois. Les rocailles exagérées et violentes des derniers princes-évêques, qui étaient en même temps archevêques de Mayence, font dans les coins de gigantesques coquetteries. çà et là de larges pans de muraille autrefois peinte et ornée, aujourd’hui nue, attristent le regard. Ces murailles nues sont des progrès du goût. Cela s’appelle simplicité, sobriété, que sais-je ? Oh ! que le « goût » a mauvais goût ! Heureusement la forêt d’arabesques et d’ornements qui emplissait la cathédrale de Worms était trop touffue pour que le goût ait pu la détruire entièrement. On en retrouve à chaque pas de magnifiques restes. Dans une grande chapelle basse, qui sert, je crois, de sacristie, j’ai admiré plusieurs merveilles du quinzième siècle, une piscine baptismale, urne immense sur le pourtour de laquelle est figuré Jésus entouré des apôtres, les apôtres petits comme des enfants, Jésus grand comme un géant ; plusieurs pages sculpturales tirées des deux testaments, vastes poèmes de pierre composés plus encore comme des tableaux que comme des bas-reliefs ; enfin un Christ en croix presque de grandeur naturelle, œuvre qui fait qu’on se récrie et qu’on rêve, tant la délicatesse curieuse et parfaite des détails s’allie, sans la troubler, à la fierté sublime de l’expression.

Dans une place étroite, assez sombre et fort laide, à quelques pas de la cathédrale de Worms, à côté de ce merveilleux édifice qui se permet d’avoir la hauteur, la profondeur, le mystère, la couleur et la forme, qui revêt une pensée impérissable et éternelle de tout ce prodigieux