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encadrée par le double horizon des Vosges et du Taunus, baignée par son beau fleuve, assise parmi les innombrables îles du Rhin, entourée de son enceinte décrépite de murailles et de sa fraîche ceinture de verdure, Worms est une belle, curieuse et intéressante cité. J’ai vainement cherché la partie de la ville bâtie en dehors de cette ligne de murs et de tours carrées, qui, de la porte de Saint-Martin, allait couper le Rhin à angle droit. Ce faubourg n’existe plus. Je n’ai trouvé aucun vestige de la Neu-Thurm, qui en terminait l’extrémité orientale avec sa flèche aiguë et ses huit tourelles. Il ne reste pas pierre sur pierre de cette magnifique porte de Mayence, qui avoisinait la Neu-Thurm, et qui, avec ses deux hauts beffrois, vue du Rhin parmi les clochers, ressemblait à une église, et, vue de la plaine parmi les tours, ressemblait à une forteresse. La petite nef de Saint-Amandus a disparu ; et, quant à Notre-Dame, jadis si étroitement serrée par les maisons et les toits, elle est aujourd’hui au milieu des champs. Devant le portail des vierges sages et des vierges folles, des jeunes filles qui sont belles comme les sages et gaies comme les folles étendent sur le pré leur linge lavé au Rhin. Entre les contre-forts extérieurs de la nef, des vieillards assis sur des ruines se chauffent au soleil. Aprici senes, dit Perse ; solibus apti, dit Horace.

Comme j’errais par les rues, un élégant du pays, passant à quelques pas de moi, m’a ébloui tout à coup. Ce brave jeune homme portait héroïquement un petit chapeau tromblon, bas et à longs poils, et un pantalon large, sans sous-pieds, qui ne descendait que jusqu’à la cheville. En revanche, le col de sa chemise, droit et empesé, lui montait jusqu’au milieu des oreilles ; et le collet de son habit, ample, lourd et doublé de bougran, lui montait jusqu’à l’occiput. Si j’en juge d’après cet échantillon, voilà où en est l’élégance à Worms. Un vrai maçon endimanché, moins l’œil spirituel et satisfait, moins la joie parfaite et naïve. Je me suis souvenu que c’était là l’accoutrement des élégants sous la restauration. Vous savez que je ne dédaigne aucun détail, et que pour moi tout ce qui touche à l’homme révèle l’homme. J’examine l’habit comme j’étudie l’édifice. Le costume est le premier vêtement de l’homme, la maison