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ici toujours assez tard le soir, ou de très bonne heure le matin, et je ne l’ai jamais vue.

Ayez donc été ville impériale ! Ayez eu des gaugraves, des archevêques souverains, des évêques princes, un pfalz, quatre forteresses, trois ponts sur le Rhin, trois couvents à clochers, quatorze églises, trente mille habitants ! Ayez été l’une des quatre cités maîtresses dans la formidable hanse des cent villes ! Soyez, pour celui qui s’éprend des traditions fantastiques comme pour celui qui étudie et critique les faits réels, un lieu étrange, poétique et célèbre autant qu’aucun autre coin de l’Europe ! Ayez dans votre merveilleux passé tout ce que le passé peut contenir, la fable et l’histoire, ces deux arbres plus semblables qu’on ne pense, dont les racines et les rameaux sont parfois si inextricablement mêlés dans la mémoire des hommes ! Soyez la ville qui a vu vaincre César, passer Attila, rêver Brunehaut, marier Charlemagne ! Soyez la ville qui a vu dans le jardin des roses le combat de Sigefroi-le-Cornu et du dragon, et devant la façade de sa cathédrale cette contestation de Chrimhilde d’où est sortie une épopée, et sur les bancs de la diète cette contestation de Luther d’où est sortie une religion ! Soyez la Vormatia des Vangions, le Bormitomagus de Drusus, le Wonnegau des poètes, le chef-lieu des héros dans les Niebelungen, la capitale des rois francs, la cour judiciaire des empereurs ! Soyez Worms, en un mot, pour qu’un rustre ivre de tabac, qui ne sait même plus s’il est vangion ou némète, dise en parlant de vous : — Ah ! Worms ! cette ville ! c’est -bas ! je ne l’ai jamais vue  !

Oui, mon ami, Worms est tout cela. Une ville illustre, comme vous voyez. Résidence impériale et royale, trente mille habitants, quatorze églises, dont voici les noms, aujourd’hui complètement oubliés. C’est pour cela que je les enregistre :

Le Munster.

Sancta-Caecilia.

Saint-Vesvin.

Saint-André.

Saint-Mang.

Saint-Johann.