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laquelle aboutissait à un pont-levis qu’on voit encore. Il y avait là des cachots pour les prisonniers d’état, et une petite chambre où les comtesses palatines étaient forcées d’attendre l’heure de leur accouchement, sans autre distraction que d’aller voir dans les caves du palais un puits creusé dans le roc plus bas que le lit du Rhin, et plein d’une eau qui n’était pas l’eau du Rhin. Aujourd’hui le Pfalz a changé de maître, M. de Nassau possède le Louvre palatin ; le palais est désert, aucun berceau princier ne se balance sur ces dalles, aucun vagissement souverain ne trouble ces voûtes noires. Il n’y a plus que le puits mystérieux qui se remplit toujours. Hélas ! Une goutte d’eau qui filtre à travers un rocher se tarit moins vite que les races royales.

Sur la grande étendue du fleuve, le Pfalz est voisin du Kœnigsstühl. Le Rhin voyait, presque au même point, une femme enfanter le comte palatin et l’empire enfanter l’empereur.

Du Taunus aux Sept-Monts, des deux côtés du magnifique escarpement qui encaisse le fleuve, quatorze châteaux sur la rive droite : Ehrenfels, Fursteneck, Gutenfels, Rineck, le chat, la souris, Liebenstein et Sternberg, qu’on nomme les frères, Markusburg, Philipsburg, Lahneck, Sayn, Hammerstein et Okenfels ; quinze châteaux sur la rive gauche : Vogtsberg, Reichenstein, Rheinstein, Falkenburg, Sonneck, Heimburg, Furstenberg, Stahleck, Schoenberg, Rheinfels, Rheinberg, Stolzenfels, Rheineck et Rolandseck ; en tout, vingt-neuf forteresses à demi écroulées superposent le souvenir des rhingraves au souvenir des volcans, la trace des guerres à la trace des laves, et complètent d’une façon formidable la figure sévère des collines. Quatre de ces châteaux ont été bâtis au onzième siècle : Ehrenfels, par l’archevêque Siegfried ; Stahleck, par les comtes palatins ; Sayn, par Frédéric, premier comte de Sayn, vainqueur des maures d’Espagne ; Hammerstein, par Othon, comte de Vétéravie. Deux ont été construits au douzième siècle : Gutenfels, par les comtes de Nuringen, Rolandseck, par l’archevêque Arnould II, en 1149 ; deux au treizième : Furstenberg, par les palatins, et Rheinfels, en 1219, par Thierry III, comte de Katzenellenbogen ;