qui rappellent vaguement Jumièges. A droite, au-dessus du bourg de Capellen, sur une croupe de rochers, se dresse Stolzenfels, la vaste et magnifique forteresse archiépiscopale où l’électeur Werner étudiait l’almuchabala ; et à gauche, sur la Lahn, au fond de l’horizon, les nuages et le soleil se mêlent aux sombres ruines de Lahneck, pleines d’énigmes pour l’historien et de ténèbres pour l’antiquaire. Des deux côtés de la Lahn deux jolies villes, Niederlahnstein et Oberlahnstein, rattachées l’une à l’autre par une allée d’arbres, se regardent et semblent se sourire. à quelques jets de pierre de la porte orientale d’Oberlahnstein, qui a encore sa noire ceinture de douves et de mâchicoulis, les arbres d’un verger laissent voir et cachent en même temps une petite chapelle du quatorzième siècle, recrépie et plâtrée, surmontée d’un chétif clocheton. Cette chapelle a vu déposer l’empereur Wenceslas.
C’est dans cette église de village que, l’an du Christ 1400, les quatre électeurs du Rhin, Jean De Nassau, archevêque de Mayence, Frédéric De Saarwerden, archevêque de Cologne, Werner De Kœnigstein, archevêque de Trèves, et Ruppert III, comte palatin, proclamèrent solennellement du haut du portail la déchéance de Wenzel, empereur d’Allemagne. Wenceslas était un homme mou et méchant, ivrogne, et féroce quand il avait bu. Il faisait noyer les prêtres qui refusaient de lui livrer le secret du confessionnal. Tout en soupçonnant la fidélité de sa femme, il avait confiance dans son esprit et subissait l’influence de ses idées. Or cela inquiétait Rome. Wenceslas avait pour femme Sophie De Bavière, qui avait pour confesseur Jean Huss. Jean Huss, propageant Wiclef, sapait déjà le pape ; le pape frappa l’empereur. Ce fut à l’instigation du saint-siège que les trois archevêques convoquèrent le comte palatin. Le Rhin dès lors dominait l’Allemagne. à eux quatre ils défirent l’empereur ; puis ils nommèrent à sa place celui d’entre eux qui n’était pas ecclésiastique, le comte Rupert. Rupert, à qui cette récompense avait sans doute été secrètement promise, fut du reste un digne et noble empereur. Vous voyez que, dans sa haute tutelle des royaumes et des rois, l’action de Rome, tantôt publique, tantôt occulte, était quelquefois bienfaisante.