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l’eau. Mais, ainsi que je vous le disais tout à l’heure, le grand encaissement du Rhin commence à Bingen par le Rupertsberg et le Niederwald, deux montagnes de schiste et d’ardoise, et finit à Koenigswinter, au pied des Sept-Monts.

Là tout est beau. Les escarpements sombres des deux rives se,mirent dans les larges squammes de l’eau. La roideur des pentes fait que la vigne est cultivée sur le Rhin de la même manière que l’olivier sut les côtes de Provence. Partout où tombe le rayon du midi, si le rocher fait une petite saillie, le paysan y.porte a bras des sacs et des paniers de terre, et, dans cette terre, en Provence il plante un olivier et sur le Rhin il plante un cep. Puis il contre-butte son terrassement avec un mur de pierres sèches qui retient la terre et laisse fuir les eaux. Ici, par surcroît de précaution, pour que les pluies n’entraînent pas la terre, le vigneron la couvre, comme un toit, avec les ardoises brisées de la montagne. De cette façon, au flanc des roches les plus abruptes, la vigne du Rhin, comme l’olivier de la Méditerranée, croît sur des espèces de consoles posées au-dessus de la tête du passant comme le pot de fleurs d’une mansardé. Toutes les inclinaisons douces sont hérissées dé ceps.

C’est dû reste un travail ingrat. Depuis dix ans les riverains du Rhin n’ont pas fait une bonne récolte. Dans plusieurs endroits, et notamment à Saint-Goarshausen, dans le pays de Nassau, j’ai vu des vignobles abandonnés.

D’en bas tous ces épaulements en pierres sèches qui suivent les mille ondulations de la pente, et auxquels les cannelures du rocher donnent nécessairement presque toujours la forme d’un croissant, surmontés de la frange verte des vignes, rattachés et comme accrochés aux saillies de la montagne par leurs deux bouts qui vont s’amincissant, figurent d’innombrables guirlandes suspendues à la muraille austère du Rhin.

L’hiver, quand la vigne et le sol sont noirs, ces terrassements d’un gris sale ressemblent à ces grandes toiles. d’araignées étagées et superposées dans les angles des masures abandonnées, espèces de hamacs hideux où s’est amoncelée la poussière.

À