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un morceau du bœuf rôti. En ce moment-là surgissait le grand-référendaire de l’empire qui proclamait à haute voix le nouveau césar et lisait la formule du serment. Quand il avait fini, le sénat dans la salle et les bourgeois dans la place répondaient gravement : Oui. Pendant la prestation du serment, le nouvel empereur, déjà formidable, ôtait la couronne et tenait le glaive.

De 1564 à 1794, cette place aujourd’hui ignorée, cette salle aujourd’hui déserte, ont vu neuf fois cette cérémonie majestueuse.

Les grandes charges de l’empire, étant héréditairement acquises aux électeurs, étaient remplies par des délégués. Au moyen âge les monarchies secondaires tenaient à insigne honneur et à bonne politique d’occuper les grands offices des deux empires qui avaient remplacé l’empire romain. Chaque prince gravitait vers le centre impérial le plus voisin de lui. Le roi de Bohême était archiéchanson de l’empire d’Allemagne ; le doge de Venise était protospataire de l’empire d’Orient.

Après la proclamation au Rœmer, venait le couronnement à la collégiale.

J’ai suivi le cérémonial. En sortant du Kaisersaal je suis allé à l’église.

L’église collégiale de Francfort, dédiée à saint Barthélémy, se compose d’une double nef-croisée du quatorzième siècle, surmontée d’une belle tour du quinzième, malheureusement inachevée. L’église et la tour sont en beau grès rouge noirci et rouillé par les années. L’intérieur seul est badigeonné.

Encore ici une église belge. Des murs blancs ; pas de vitraux ; un riche mobilier d’autels sculptés, de tombes coloriées, de tableaux et de bas-reliefs. Dans les nefs, de sévères chevaliers de marbre, des évêques moustachus du temps de Gustave-Adolphe qui ont des têtes de lansquenets, d’admirables clochetons de pierre évidés et fouillés par les fées, de magnifiques luminaires de cuivre qui rappellent la lampe de l’alchimiste de Gérard Dow, un Christ au tombeau peint au quatorzième siècle, une Vierge au lit de mort sculptée au quinzième. Dans le chœur, de curieuses fresques, horribles avec saint Barthélémy, charmantes