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et la Gascogne, et l’Allemagne proprement dite, jusqu’au pays des bavarois exclusivement.

L’empire de Charlemagne était deux fois plus grand que ne l’a été l’empire de Napoléon.

Il est vrai, et ceci est considérable, que Napoléon avait trois empires, ou, pour mieux dire, était empereur de trois façons ; immédiatement et directement, de l’empire français ; médiatement et par ses frères, de l’Espagne, de l’Italie, de la Westphalie et de la Hollande, royaumes dont il avait fait les contre-forts de l’empire central ; moralement et par droit de suprématie, de l’Europe, qui n’était plus que la base, de jour en jour plus envahie, de son prodigieux édifice.

Compris de cette manière, l’empire de Napoléon égalait au moins celui de Charlemagne.

Charlemagne, dont l’empire avait le même centre et le même mode de génération que l’empire de Napoléon, prit et aggloméra autour de l’héritage de Pépin le Bref la Saxe jusqu’à l’Elbe, la Germanie jusqu’à la Saal, l’Esclavonie jusqu’au Danube, la Dalmatie jusqu’aux bouches du Cattaro, l’Italie jusqu’à Gaëte, l’Espagne Jusqu’à l’Èbre.

Il ne s’arrêta en Italie qu’aux limites des bénéventins et des grecs, et en Espagne qu’aux frontières des sarrasins.

Quand cette immense formation se décomposa pour la première fois, en 843, Louis le Débonnaire étant mort et ayant déjà laissé reprendre aux sarrasins leur part, c’est- à-dire toute la tranchée de l’Espagne comprise entre l’Èbre et le Llobregat, des trois morceaux en lesquels l’empire se brisa il y eut de quoi faire un empereur, Lothaire qui eut l’Italie et un grand fragment triangulaire de la Gaule, et deux rois, Louis qui eut la Germanie, et Charles qui eut la France. Puis, en 855, quand le premier des trois lambeaux se divisa à son tour, de ces morceaux d’un morceau de l’empire de Charlemagne on put encore faire un empereur, Louis, avec l’Italie, un roi, Charles, avec la Provence et la Bourgogne, et un autre roi, Lothaire, avec l’Austrasie, qui s’appela dès lors Lotharingie, puis Lorraine. Quand vint le moment où le deuxième lot, le royaume de Louis le Germanique, se déchira, le plus gros débris forma l’empire d’Allemagne, et dans les petits fragments s’installa