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ACTE I. — LE ROI.

Or il faut que je sorte une heure, et moi qu’on nomme
Ruy Gomez De Silva, je ne puis l’essayer
Sans qu’un larron d’honneur se glisse à mon foyer !
Arrière ! lavez donc vos mains, hommes sans âmes,
Car, rien qu’en y touchant, vous nous tachez nos femmes.
Non. C’est bien. Poursuivez. Ai-je autre chose encor ?

Il arrache son collier.
Tenez, foulez aux pieds, foulez ma toison d’or !
Il jette son chapeau.
Arrachez mes cheveux, faites-en chose vile !

Et vous pourrez demain vous vanter par la ville
Que jamais débauchés, dans leurs jeux insolents,
N’ont sur plus noble front souillé cheveux plus blancs !

Doña Sol.

Monseigneur…

Don Ruy Gomez, à ses valets.

Monseigneur…Écuyers ! écuyers ! à mon aide !
Ma hache, mon poignard, ma dague de Tolède !

Aux deux jeunes gens.
Et suivez-moi tous deux !
Don Carlos, faisant un pas.

Et suivez-moi tous deux !Duc, ce n’est pas d’abord
De cela qu’il s’agit. Il s’agit de la mort
De Maximilien, empereur d’Allemagne.

Il jette son manteau, et découvre son visage caché par son chapeau.
Don Ruy Gomez.

Raillez-vous ?… — Dieu ! le roi !

Doña Sol.

Raillez-vous ?… — Dieu ! le roi !Le roi !

Hernani, dont les yeux s’allument.

Raillez-vous ?… — Dieu ! le roi !Le roi !Le roi d’Espagne !