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pontife, comme plus tard Néron fera son singe dieu. Il offre à l’univers ce spectacle sinistre : l’anéantissement du cerveau sous la toute-puissance. Prostitué, tricheur au jeu, voleur, brisant les bustes d’Homère et de Virgile, coiffé comme Apollon de rayons et chaussé d’ailes comme Mercure, frénétiquement maître du monde, souhaitant l’inceste à sa mère, la peste à son empire, la famine à son peuple, la déroute à son armée, sa ressemblance aux dieux, et une seule tête au genre humain pour pouvoir la couper, c’est là Caïus Caligula. Il force le fils à assister au supplice du père et le mari au viol de la femme, et à rire. Claude est une ébauche qui règne. C’est un à peu près d’homme fait tyran. Caboche couronnée. Il se cache, on le découvre, on l’arrache de son trou et on le jette terrifié sur le trône. Empereur, il tremble encore, ayant la couronne, mais pas sûr d’avoir la tête. Il tâte sa tête par moments, comme s’il la cherchait. Puis il se rassure, et il décrète trois lettres de plus à l’alphabet. Il est savant, cet idiot. On étrangle un sénateur, il dit : Je ne l’avais point commandé ; mais puisque c’est fait, c’est bien. Sa femme se prostitue devant lui ; il la regarde et dit : Qui est cette femme ? Il existe à peine ; il est ombre ; mais cette ombre écrase le monde. Enfin, l’heure de sa sortie vient. Sa femme l’empoisonne ; son médecin