Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’Ulysse et une Thèbes plus grande que Troie, dur comme la roche, tumultueux comme l’écume, plein d’escarpements, de torrents et de précipices, et si géant que, par-moments, on dirait qu’il devient montagne. Arrivé plus tard que l’Iliade, il a l’air d’un aîné d’Homère.

§ IV

L’autre, Isaïe, semble, au-dessus de l’humanité, un grondement de foudre continu. Il est le grand reproche. Son style, sorte de nuée nocturne, s’illumine coup sur coup d’images qui empourprent subitement tout l’abîme de cette pensée noire et qui vous font dire : Il éclaire ! Isaïe prend corps à corps le mal, qui, dans la civilisation, débute avant le bien. Il crie : Silence ! au bruit des chars, aux fêtes, aux triomphes. L’écume de sa prophétie déborde jusque sur la nature ; il dénonce Babylone aux taupes et aux chauves-souris, promet Ninive à la ronce, Tyr à la cendre, Jérusalem à la nuit, fixe une date aux oppresseurs, déclare aux puissances leur fin prochaine, assigne un jour contre les idoles, contre les hautes tours, contre les navires