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shakespeare.

La deuxième manifestation n’est pas moins sacrée que la première. La première s’appelle la Nature, la deuxième s’appelle l’Art. De là cette réalité : le poëte est prêtre.

Il y a ici-bas un pontife, c’est le génie.

Sacerdos magnus.

L’Art est la branche seconde de la Nature.

L’Art est aussi naturel que la Nature.

Par Dieu, — fixons encore le sens de ce mot, — nous entendons l’infini vivant.

Le moi latent de l’infini patent, voilà Dieu.

Dieu est l’invisible évident.

Le monde dense, c’est Dieu. Dieu dilaté, c’est le monde.

Nous qui parlons ici, nous ne croyons à rien hors de Dieu.

Cela dit, continuons.

Dieu crée l’art par l’homme. Il a un outil, le cerveau humain. Cet outil, c’est l’ouvrier lui-même qui se l’est fait ; il n’en a pas d’autre.

Forbes, dans le curieux fascicule feuilleté par Warburton et perdu par Garrick, affirme que Shakespeare se livrait à des pratiques de magie, que la magle était dans sa famille, et que le peu qu’il y a de bon dans ses pièces lui était dicté par « un Alleur », un Esprit.

Disons-le à ce propos, car il ne faut reculer devant aucune des questions qui s’offrent, ç’a été